projet 365 : # 44/365

Peut-être allez-vous dire que photographier un pot vide est étrange voir ridicule et sûrement inesthétique (même si j'ai essayé de faire une jolie mise en scène).

Et ceux qui me connaissent risquent d'être surpris en apprenant que ce pot n'était pas rempli du moindre atome de chocolat.

Néanmoins, sachez que ce pot contenait ce que je tiens pour être, sur cette terre, le graal gustatif absolu.Le graal car, j'ai recherché ce goût durant 19 ans en France et que je ne l'ai jamais retrouvé.

Pour tout comprendre, il faut retourner quelques dizaines d'années en arrière. A cette époque, durant les grandes vacances, mes parents me mettaient invariablement dans un avion pour que je rejoigne mes grands-parents, mes oncles, mes tantes et mes cousins... ohoh et c'était le bonheur. J'adorais ces vacances même si je n'avais jamais envie d'y aller et même si je pleurais pendant une semaine avant de me faire une raison et de m'amuser. Mais je m'aperçois que j'ai oublié de vous préciser le lieu des vacances : les confins absolus de la Pologne, plus à l'est, t'es en Ukraine (enfin en URSS à l'époque). 
En ces temps-là, le régime politique communiste obligeait les gens à faire la queue pendant des heures pour acheter quelques denrées et les produits étrangers étaient prohibés, ce n'est donc pas là-bas que j'ai découvert le chocolat. 

Mais, comme ma famille vivait dans une ferme, ils ne se plaignaient pas. Et, tous les ans, ils cueillaient des myrtilles sauvages pour en faire la plus délicieuse, la plus merveilleuse, la plus exquise et la plus goûteuse des confitures qu'il m'est été donné de manger. En 1991, j'ai cessé d'aller en Pologne préférant passer mes étés en Allemagne. Le goût de la myrtille est resté associée à tous ces étés passés de l'autre côté de l'Europe. Par la suite, j'ai testé toutes les confitures aux myrtilles possibles et imaginables, de la petite confiture artisanale de montagne à celle de supermarché sans en retrouver la saveur. 

L'année dernière, je suis enfin retournée dans ma famille, j'ai recréé des liens avec ces personnes qui étaient si importantes pour moi enfant et j'ai enfin retrouvé le goût de mon enfance car eux, n'avaient jamais cessé de confectionner cette confiture.

Ils m'ont donné quelques pots lorsque je suis repartie en France et je viens, ce matin, d'achever le dernier. Mais rassurez-vous, ma grand-mère vient bientôt en France...

Ah oui, une dernière petite chose, observez attentivement l'horloge, rien ne vous saute aux yeux ?